Rama Yade : Les "trois conditions" pour que M. Sarkozy se rende à l'ouverture des JO
LE MONDE | 05.04.08 | 11h13 • Mis à jour le 05.04.08 | 16h17
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Dans un entretien au Monde, la secrétaire d'Etat française aux droits de l'homme, Rama Yade, déplore que "la Chine ne relève pas le défi des droits de l'homme" et appelle Pékin à "un dialogue réellement constructif avec le dalaï-lama". Elle pose les trois conditions "indispensables", selon elle, pour que le président Nicolas Sarkozy assiste à la cérémonie d'ouverture des JO : fin des violences contre la population et libération des prisonniers politiques, lumière sur les événements tibétains et ouverture d'un dialogue avec le dalaï-lama.
"Un pas en avant" pour Reporters sans frontières
"C'est un pas en avant. C'est important qu'elle [Rama Yade] ait dit cela. Cela montre que les choses sont en train de bouger du côté des autorités françaises", a réagi, samedi 5 avril, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Robert Ménard. M. Ménard a rappelé avoir remis, "il y a plusieurs semaines", à Mme Yade "une liste d'une cinquantaine de noms de prisonniers politiques" tibétains et chinois – journalistes, avocats, internautes, défenseurs de l'environnement, dissidents. Si Mme Yade fait référence à cette liste, "oui, c'est une belle revendication", a estimé le secrétaire général de RSF.
"Il faut qu'aujourd'hui, Nicolas Sarkozy dise clairement que s'il n'obtient pas cela, il n'ira pas. Et qu'il le dise publiquement !", a-t-il ajouté. "Il y a une prise de conscience dans l'opinon publique et Nicolas Sarkozy ne peut pas rester insensible à cette opinion qui est de plus en plus majoritaire y compris dans l'électorat de droite, son propre électorat", a-t-il estimé. – (avec AFP)
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Comprenez-vous l'émotion des manifestants qui veulent faire état de leur indignation après les événements du Tibet, lors du passage de la flamme olympique à Paris, lundi ?
Je comprends l'émotion de ces Français. Il existe chez nous une empathie pour les peuples qui se soulèvent et revendiquent leur autonomie. La France est le pays des droits de l'homme.
Que répondez-vous aux autorités chinoises qui appellent la France à respecter les valeurs de l'olympisme ?
Les Jeux olympiques n'appartiennent pas aux pays qui les organisent. Ils portent en eux des valeurs universelles de respect et un but, faire naître une société pacifique. Les Jeux dépassent le seul cadre sportif. La planète se réunit une fois tous les quatre ans pour célébrer ces valeurs qui s'imposent à tous, y compris à la Chine. Les Jeux ne sont pas qu'une consécration économique. La Chine sans les droits de l'homme ne sera jamais une véritable grande puissance.
Considérez-vous que la Chine n'aurait pas dû accueillir les Jeux olympiques ?
Nous ne voulons pas donner de leçon, mais nous demandons que la Chine tienne ses engagements. Lors de sa candidature, ses représentants avaient affirmé qu'en accordant les Jeux à Pékin, cela contribuerait à la promotion des droits de l'homme dans le pays. Or, si la Chine ne relève pas le défi des droits de l'homme, les Jeux se résumeront aux événements du Tibet.
Que compte faire la France face aux atteintes aux droits de l'homme en Chine ?
Nous demandons la remise en liberté immédiate de Hu Jia, qui vient tout juste d'être condamné à trois ans et demi de prison. C'est une vraie déception pour nous alors que nous avions multiplié les démarches en sa faveur.
Et par rapport au Tibet ?
Nous demandons que la Chine entreprenne un dialogue réellement constructif avec le dalaï-lama. Ces discussions doivent porter sur la reconnaissance de l'autonomie tibétaine et de l'identité spirituelle, religieuse et culturelle des Tibétains. A ce jour, la Chine a mené une politique d'assimilation en colonisant les zones tibétaines, ce qui a marginalisé sa population. On assiste aussi à une folklorisation de la culture tibétaine et l'enseignement du tibétain est battu en brèche. Enfin, rien que pour 2007, on compte 132 moines arrêtés pour des motifs politiques.
Cela peut-il conduire le président Nicolas Sarkozy à boycotter la cérémonie d'ouverture des JO ?
Il prendra sa décision au regard de l'évolution des événements actuels et s'exprimera après avoir consulté nos partenaires européens, car il parlera alors en tant que président en exercice de l'Union européenne. Néanmoins, trois conditions sont indispensables pour qu'il s'y rende : la fin des violences contre la population et la libération des prisonniers politiques, la lumière sur les événements tibétains et l'ouverture du dialogue avec le dalaï-lama.
Serez-vous sur le parcours de la flamme olympique à Paris ?
Traditionnellement, ce sont les ministres des sports, Bernard Laporte et Roselyne Bachelot, qui assistent à l'événement. Moi, aujourd'hui, j'aimerais plutôt être à Dharamsala [ville du nord de l'Inde où vit en exil le dalaï-lama].
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