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achei chique


Toasts, queues-de-pie et un certain ennui
LE MONDE | 27.03.08 | 15h29 • Mis à jour le 27.03.08 | 15h29
LONDRES CORRESPONDANT
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Les horse-guards au casque éclatant et les hallebardiers armés d'une pique sont figés dans une impressionnante immobilité à l'entrée du château de Windsor. Le protocole est minutieusement codifié. L'invité est d'abord reçu par un majordome. Un valet de pied le passe ensuite à un militaire qui le glisse successivement à la dame de compagnie de la souveraine et au maître de cérémonie. Enfin, un huissier l'introduit dans l'immense salle de réception, la Waterloo Chamber, où une centaine de convives prennent l'apéritif. Les hommes sont en queues-de-pie et les femmes en robes longues.



On se frotte les yeux. La salle à manger, le Saint George's Hall, doté d'un plafond en chêne en forme de carène renversée comportant les blasons de l'ordre de la Jarretière, perpétue l'illusion d'une prééminence monarchique. L'Angleterre d'hier toise celle d'aujourd'hui.
L'immense table d'acajou, autour de laquelle les convives prennent place, croule sous l'argenterie et les candélabres. Chaque invité a six verres à sa droite, et non pas devant comme en France, placés suivant l'ordre dans lequel les vins sont servis : champagne, vin blanc, vin rouge, eau, porto. Les couverts portent le monogramme royal. Les assiettes sont en argent. Des bols de fruits sont placés à intervalle régulier. Les bouquets de fleurs n'empêchent pas de voir son vis-à-vis distant d'au moins trois mètres. En revanche, les convives, serrés les uns contre les autres, se touchant presque, sont obligés de garder les coudes serrés le long du corps et de se tenir raides comme des I sur leur siège.

Trouver sa place est un exercice compliqué. Heureusement que les différents membres de la famille royale, disposés tous les vingt invités, servent de repères. Les Windsor sont les seuls à ne pas avoir à consulter le plan de table : le protocole des grands dîners royaux offerts aux illustres étrangers est, en effet, immuable.

Tous les convives sont assis. L'orchestre des gardes royaux irlandais entonne alors la Marche des Folies Bergère de Paul Lincke.

La procession royale fait son entrée à 20 h 20 pile. En tête, la reine montre le chemin au président Sarkozy, qui paraît un tantinet perdu dans ce cadre grandiose. Suivent le duc d'Edimbourg et Mme Sarkozy, puis le prince de Galles et l'archevêque de Cantorbéry, Mgr Rowan Williams, le duc d'York qui donne le bras à Rama Yade. Pas moins de douze membres de la famille royale ont été mobilisés pour l'occasion, contre sept lors du banquet de l'Entente cordiale donné à Windsor en l'honneur du président Chirac en novembre 2004. Tout le monde se lève. Le monarque prend place. Les invités se rasseyent. Le ballet rappelle le pompage des Shadoks.

D'une voix neutre, la souveraine porte un bref toast à l'amitié franco-britannique, et à l'Eurostar et à Airbus en particulier, "sachant que nous pouvons produire des résultats efficaces et durables en travaillant ensemble". Le président de la République remercie en français la reine de son "exceptionnelle invitation dans ce lieu de rêve". A l'évidence, son laïus, long, émotionnel, exubérant, latin en somme, plaît aux Anglais. Du moins à ceux qui comprennent le français, à l'inverse de mes deux voisines qui "chipotent" leur petit pain. A l'étage, l'orchestre militaire joue de la musique d'ambiance. Il ne manque que l'annonce d'une promotion sur la lessive pour se croire dans un supermarché.

Sa Majesté est servie. Les menus des banquets officiels sont toujours écrits en français, hommage sans doute aux ancêtres normands et angevins de la lignée Windsor. Premier plat, "filet de barbue Béatrice" servi avec un chassagne-montrachet 2000. Deuxième plat, "noisette d'agneau Bréhan" arrosé d'un Château Margaux 1961 avec salade au fromage. Le savarin à la rhubarbe est servi sur une assiette de Sèvres, cadeau de Louis XVI à la duchesse de Manchester, épouse de l'ambassadeur britannique à Paris qui, désargentée, l'avait revendue au roi George IV. Le repas se termine par des fruits, mais la plupart des invités, incapables sans doute de manger une mandarine à la fourchette et au couteau, font l'impasse.

Tout le monde passe au salon pour prendre le café. La famille royale est détendue. Le prince de Galles, très décontracté, se félicite devant nous des relations bilatérales : "Regardez tous ces Français qui vivent chez nous." Son épouse, la duchesse de Cornouailles, nous parle de son séjour à Paris comme étudiante : "Malheureusement, je n'ai pas suffisamment l'occasion de pratiquer mon français." On cherche des yeux le couple présidentiel, mais il a filé à l'anglaise dans ses appartements avec vue imprenable sur le parc.

Marc Roche

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